Contempler une oeuvre du duo Fury n' Shuckone c'est embrasser la Ville dans tous ses détails, dans toutes ses images et toutes ses sonorités. C'est la ressentir pleinement comme lors d'une ballade solitaire et nocturne. Ici, le taxi vous prend, il roule comme un fou pour vous stopper net devant l'entrée d'un squat d'où provient une musique toute en piques. Pas le temps de descendre, le taxi a repris sa course. On ne s'arrête pas, on continue, on accélère même… Dans cette ballade en forme de fuite, on entend derrière une palissade, la peinture qui s'échappe des bombes : partitions en arabesques nerveuses qui revendiquent d'autre voies en les recouvrant. Là-haut, penchée à sa fenêtre, une putain souffle la fumée de son clope tout en observant un clochard qui au milieu du boulevard hurle toute sa haine d'une société de consommation dont il espère qu'elle finira par tous nous crever... Le vieux paumé est aveuglé par les phares des voitures tandis que d'autres le frôlent à toute allure, tous feux éteints. Hasard des rencontres… Au matin, une foule gronde sa colère d'une place à l'autre. Elle est contenue, frappée, enfermée. Ce soir, d'autres avec elle n'en penseront pas moins. L'icône finit par occuper tous les écrans vidéos. Pureté détournée qui laisse enfin la place au rêve éveillé du poète. Et d'entendre de plus en plus distinctement les doigts de l'écrivain qui dansent sur son clavier : comme une pluie de percussions, comme une transe qui appelle à la vision. Urbanité, ton mythe nous apparaît...