Né en 1975, a commencé à créer des œuvres numériques vers la fin des années 90. Il fait donc partie des débuts de l’histoire de ce medium. En 2002, il adopte Photoshop 7 qu’il a conservé jusqu’aujourd’hui. Dès 2004, ses œuvres montrent une maitrise impressionnante. Que ce soit dans ses œuvres numériques ou dans ses dessins, l‘univers de Morel et sa singularité méritent toute l’attention. Les œuvres d'Émile Morel à l'aspect surréaliste, voire psychédélique, attirent, inquiètent et fascinent. L'artiste a développé un univers unique où des éléments disparates, de sources diverses, sont redessinés et réunis dans des mises-en-scènes où le bonbon le dispute à l'entraille. À la fois pop, abondante, effrayante, nostalgique, l’œuvre de Morel joue sur les contrastes, s'amuse à les mixer. On pense d'abord contempler une scène insouciante, luxuriante, aux multiples couleurs — en un mot qui évoque l’enfance, le conte — mais bientôt, on est obligé de constater le drame qui se joue. Chaque scène renferme le même secret : les personnages, les animaux et les choses y souffrent d'un mal étrange qui les duplique, les métamorphose voire les ronge sans qu'ils en aient apparemment conscience. Une sorte de lèpre baroque et psychédélique, qui, dans la multitude et la saturation, anime le détail de compositions d’apparence classique. Les personnages de Morel — exclusivement des femmes, des enfants et des monstres — ne comprennent-ils pas ce qu'il leur arrive ? Souffrent-ils stoïquement, résignés, fiers et mélancoliques ? Ou ont-ils simplement décidé de s'adapter en permanence afin de préserver l’équilibre, l'harmonie de l'ensemble mouvant qu'ils composent ? S'adapter, quitte à ne plus se reconnaître, à disparaître, à ne plus être...